Critique de "Syngué Sabour"/Pierre de patience d'Atiq Rahimi avec Golshiteh Farahani...
« Syngué Sabour » / Pierre de patience d’Atiq Rahimi avec Golshiteh Farahani, Hassina Burgan… Sortie Cinéma le 20 Février 2013
Kaboul, ville en guerre aux habitations délabrées, une femme veille son mari afghan, plus âgé, dans le coma et le maintient en vie à domicile avec des perfusions. Elle continue à lui parler et va peu à peu se confier sur sa condition de femme afghane soumise et sur le regard qu'elle porte sur ses rapports avec ce mari, peu enclin à la tendresse, cet animal incapable d’aimer. Cet « époux légume » va devenir la pierre de patience, cette pierre magique à qui l’on dévoile tous ces secrets, quand pierre éclate, elle délivre de toutes les douleurs !
Golshiteh Farahani joue le rôle-titre de cette femme voilée (port de la burqa quand sortie à l’extérieur), mère courage (elle a deux petites filles) et symbole de la place de la femme dans la société afghane ?
Cette actrice à la beauté perse naturelle étourdissante campe, avec une grâce et une présence magnétique et touchante « une madone musulmane » aspirant à une Vie de femme épanouie et respectée. C’est le gros atout du film, G Farahni est d’une justesse lumineuse.
A travers l’histoire de cette femme qui dévoile son parcours, ses choix peu conventionnels ,ses souffrances et qui va s'émanciper par la force des choses, Atiq Rahimi (iranien) va aussi montrer cette société patriarcale et séculaire où « les mollahs de quartier » utilisent leur position religieuse à des fins personnelles, où la place du Coran est omniprésente, où les hommes sont souvent rustres et les femmes, des objets sexuels synonymes de fertilité (mère) ou de plaisir (prostituée).
Le réalisateur a par certains plans, une approche picturale : le clair-obscur où l’héroïne se lave après son rapport « fortuit » avec un soldat bègue fait vraiment penser à une peinture par exemple. Atiq Rahimi réussit son passage d’auteur (prix goncourt) à celui de metteur en scène avec un style épuré associé à une lumière savamment gérée.
Alors oui c’est un film intimiste, proche du huis clos et quelques fois du monologue (un état d'esprit particulier est peut être nécessaire), simple dans sa facture, avec une langueur particulière dans le récit (à noter la présence de Jean-Claude Carriere au scénario). Mais cette peinture de la société afghane nous transporte grâce à Golshiteh Farahani , aperçue face à Di Caprio dans « Mensonges d’état » de Ridley Scott. Elle devrait faire parler d’elle et « éclater » au niveau international comme la pierre du film mais là on est impatient de la revoir dans un rôle aussi fort qui lui permette de démontrer encore l’étendue de sa palette de comédienne.
PS l’acteur qui joue « le mari statique » ressemble surtout à la fin à Christopher Lee