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L'oeil du cinéphile 06
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  • Critiques sur les dernières sorties ciné ou les fictions TV , rappel des incontournables avec un oeil de cinéphile qui "frise" et quelques humeurs sociétales traitées à travers le prisme de la passion, l'humour, l'émotion. et le feeling!
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L'oeil du cinéphile 06
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9 février 2012

Humeur Sociétale "Samedi dernier j'ai pleuré..."

« Samedi dernier j’ai pleuré… »

Une situation particulière à la Capra dans l'esprit ,une dure réalité au quotidien provocatrice d'émotions singulières variant selon le moment et la personnalité de chacun ! 

« Je me baladais vers l’inconnu… »,comme disait le poète contemporain et populaire Joe Dassin ! C’était un samedi après-midi pluvieux dans une grande ville de province. La fréquentation était populaire dans les grands magasins où les soldes « battaient leur plein ». Les gens, avec leurs parapluies, arpentaient les rues et grouillaient dans la ruche commerciale du samedi après-midi.

Dans l’artère principale de la ville, un magasin de prêt à porter affichait fièrement « dernière démarque », les gens rentraient et sortaient à un rythme « saloonien ». (çàd les va et vient étaient si fréquents que l’on pouvait facilement se croire dans un saloon !!!). Le magasin mitoyen était fermé  c’était une échoppe de bretzels, le rideau de fer était tombé.

En dessous du porche du magasin de bretzels, se tenait une vielle dame assise et légèrement recroquevillée sur elle-même. Elle avait à ses pieds un petit carton sur lequel était écrit sobrement et grossièrement : POUR VIVRE SVP. Son visage était « mangé » par la capuche de son kway  noir et son regard fuyait la ligne d’horizon et regardait plutôt le bitume. Ses traits étaient un savant mélange entre mister magoo (héros de cartoon des années 80 qui se déguisait et qui avait les yeux fermés, le visage bourru et un gros nez !) et la vielle dame de chez titi et gros minet. Il  se dégageait de cette femme une bonhommie et une tristesse non feinte. D’ailleurs je fus surpris par l’attention, certes parcimonieuse, toutes générations confondue qu’elle suscitait. En effet un homme d’une cinquantaine d’années  lui donna de la main à la main une pièce, lui glissa un petit mot à l’oreille et lui passa la main sur l’épaule, puis une jeune femme de 20 ans sortant du magasin de fringues lui mit 4 pièces de 20 centimes dans sa coupelle !

Cette femme, par son silence poli, sa désespérance « soft » et son effort flagrant de rester digne suscitait l’empathie naturelle des autres. D’un naturel assez hésitant je fis quelques pas en me posant la question de savoir si j’allais, moi aussi, répondre à cet appel du cœur apparemment « audible » que par certaines personnes.

Je décidais de me lancer et je lui déposai un euro dans sa coupelle, je ne pus m’empêcher de lui dire « bonjour » tout simplement. Ce mot « bonjour », ce  simple mot qui  synthétise le fait d’être socialisé et reconnu par ses semblables dans cette société si « autiste » ! Et elle me répondit d’un autre « bonjour », elle grommela ou plus exactement elle exprima tellement de choses dans son intonation. Son bonjour était frêle mais il voulait dire tellement de mots : d’abord merci, merci pour la pièce, merci de me parler,  merci de comprendre que je ne suis pas une pro de la manche et  ensuite  elle semblait s’excuser d’être là, comme une invitée de dernière minute bien malgré elle. Son bonjour si bref semblait intemporel et infini. Il y avait torrent de significations dans un seul mot prononcé, avec un grain de voix si porteur d’émotion, dans un contexte particulier par une personne particulière !

Je partis sans rien ajouter, l’expression mesurée de son visage,  son cri presque sourd, sa détresse contenue et son émotion non feinte m’ont cueilli ! Je fis quelques pas et une vague d’émotions me submergea, cette femme m’avait touché par sa simplicité et sa posture dans le désarroi ! Je me mis à pleurer « par solidarité » ou par pur égoïsme, touché par le miroir que cette femme m’avait tendu sans le savoir. 

En tout cas dans cette société où les exclus sont légions, le début du sentiment d’appartenance commence par un simple « bonjour » qui peut être le détonateur de tellement d’émotions.

En tout cas  ce que je sais c’est que samedi dernier, j’ai pleuré.

                                                                                                                             S V

 

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