Critique de "Flight" de Robert Zemeckis avec Denzel Washington...

« Flight » de Robert Zemeckis avec Denzel Washington, Kelly Reilly, Don Cheadle, John Goodman, Nadine Velasquez...Sortie Cinéma 13 Février 2013

FLIGHT - Bande-Annonce / Trailer [VOST|HD1080p]

Whip Whitaker est un pilote de ligne respecté (divorcé et bambocheur)² qui par une manœuvre audacieuse et un sens inné du pilotage va sauver presque la totalité des passagers suite à une défaillance mécanique de l’avion. Un nouvel héros est né mais les analyses toxicologiques vont révéler un taux anormal de substances illicites et un taux d’alcoolémie dantesque. En gros le pilote était bourré et défoncé ! Accueilli comme un héros, il va devoir faire face à ses vieux démons et prendre ses responsabilités pour enfin redresser aussi le sens de sa Vie.

Robert Zemeckis est un très bon réalisateur, virtuose de l’image (scène du crash vraiment réussie, « la tentation » de la mignonette de vodka sur mini fridge …) mais c’est aussi un artisan de l’Humain qui  va décrire l’âme torturée d’un truqueur de talent. En effet Whitaker n’est pas si sympathique que ça, il est à la dérive et va devoir faire des choix difficiles et irréversibles lors du vol et dans sa vie post-catastrophe ! Mais Zemeckis a aussi  une vision sociétale de son pays et  dépeint l’Amérique du contraste, celle du ying et du yang :

 Un première Amérique, caractérisée par un puritanisme exacerbé :une des causes du crash va être considéré comme un acte de Dieu (l’expert va le mentionner dans son rapport), le co-pilote avec les 2 jambes brisées va demander au commandant de prier sur son lit d’hôpital .

Puis il y a aussi l’Amérique des shootés (au sens propre avec le personnage jouée par Kelly Reilly) et l’apologie de la coke comme moyen de faire face au stress et comme accélérateur de bonne sensations !

Zemeckis sait aussi jouer avec le système. Dans « seul au monde » où le crash d’un avion est très important le héros travaille chez Fedex et trouve son nouvel ami le ballon de volley Wilson dans un de ces paquets. Il utilise la notion de placement de produits et les inscrit totalement dans l’intrigue du film. Ce « brand marketing » est un moyen de financer une partie du film.

 Le procédé (un peu too much et typiquement américain, business is business) est employé ici par le biais de boissons « hard » (bière Budweiser en gros plan, vodka) et soft (rémission ou rédemption du héros avec un canette de Coca Cola) ce qui finit de montrer que le vrai sujet du film c’est l’alcoolisme et les ravages de l’addiction.

Denzel washington livre une belle performance d’acteur (nomination à l’oscar méritée) composant d’abord un personnage pas forcément empathique et qui va peu à peu par son comportement arriver à remporter l’adhésion. Kelly Reilly a un rôle plus lisse et plus attendu et John Goodman (« Je suis sur la liste ») nous livre une composition fugace,savoureuse en dépanneur « express-coke » et complète sa collection de seconds rôles hauts en couleur après celui d’Argo.

Zemeckis n’est pas un moralisateur (certains diront que oui !). Il tisse son histoire, à son rythme (un peu indolent, peut être un peu trop par moments, mais ravivé par une BO très cool) et prouve que son talent d’orfèvre est intact et peut toujours s’exercer en dehors des films d’animation et autres motion-capture (Pôle-express/ Beowulf…). « Flight » est son retour au film classique depuis « Apparences » et « Seul au monde » tournés en 2000 !

 "Prions le seigneur..." pour qu’il n’attende pas 12 ans pour « son prochain film en vrai » !