Avis Cinefeel sur " LOVE " de Gaspar Noé avec karl Glusman, Aomi Muyock....
Avis Cinefeel sur « Love » de Gaspar Noé avec Karl Glusman, Aomi Muyock ,Klara Kristin…. Sortie Cinéma le Mercredi 15 Juillet 2015
LOVE de Gaspar Noé (Cannes - 2015)
Gaspar Noé tient une place à part dans le Cinéma français, peu « prolixe » , il « jouit » ( utilisation sémantique idoine en l’occurrence !) d’un profond attachement voir culte de certains cinéphiles et d’une vraie reconnaissance de son talent singulier auprès des professionnels.
Le film a fait l’objet d’une campagne marketing assez réussie , multipliant les affiches tapageuses, arty et plus que suggestives ! Cela a pu créer au moins une interpellation visuelle et intriguer au plus un « émoustillement artistique » aux accents seventies (âge d’or du porno exploité en salles) !
Quand le cinéaste ne « produit » que 3 films en 16 ans , à chaque fois à contre-courant et en se positionnant comme artisan-prodige visuel et aux sujets sulfureux , crus et sans concessions, forcément cela créée une certaine attente au moins pour les initiés !
« Seul contre tous » était volontairement «frontal, dépouillé, inconfortable et déstabilisant ». « Irréversible » , déstructuré dans la narration, apparaissait comme provocateur, glauque et dérangeant. « Enter the void » frôlait le film expérimental avec des mouvements de caméra improbables avec comme toile de fonds les paradis artificiels retranscris comme un trip visuel singulier et psychédélique.
« Love » allait –il donc déroger aux « stygmates » de l’œuvre si « revendiquée » de Noé ?
Bien sûr que non ! Tous les qualificatifs précités peuvent presque tous s’appliquer à son dernier film.
Gaspar Noé a voulu filmer une histoire d’amour d’un couple en montrant l’intimité sexuelle non simulée. « Love » serait « Une Vie d’Adèle » version hétéro (Histoire fusionnelle et tromperie) encore plus crue avec la patte « scabreuse » du réalisateur ?!
En fait Gaspar Noé alterne le bon et le nettement moins bon. Des moments sont plutôt réussis : le triolisme filmé comme des tableaux (Noé est peintre et plasticien), la retranscription de l’intimité charnelle du couple, la steady-cam « fluide et bluffante » suivant la première rencontre du couple, l’utilisation de la 3D dans l’intime et certains partis pris de mise en scène… D’autres aspects volontairement plus « austères », hermétiques dans la forme « agressent » la rétine et repoussent l’adhésion : le cadrage répétitif de dos lors des monologues du personnage principal, les scènes fugaces de boites de nuit, kaléidoscopes colorés et troubles (rappel des backrooms gay de « Irréversible »), le côté creux au niveau des dialogues de certaines scènes…
Noé voulait monter une Love Story , passionnelle, fusionnelle, forcément sexuelle ! Et pour intéresser le spectateur le choix des acteurs étaient aussi importants.
Les interprètes sont des inconnus : Karl Glusman joue Murphy, cet « américain à Paris » version hard sans grand charisme. Il a des faux airs de « Michael Shannon jeune » et a un côté antipathique (appréciation purement subjective, je vous l’accorde mais quand même !)
Aomi Muyock est un top model suisse, plutôt juste pour ce premier premier rôle, Electra !
Noé n’avait sans doute pas le choix, vu les scènes de sexe « réelles » réalisées par ses interprètes devant la caméra. (Il avait proposé le projet au couple Cassel/ Bellucci avant Irréversible) Et pourtant on a le sentiment que le cinéaste a essayé de livrer son film le plus « grand public » (film interdit au moins de 16 ans) .
Après sa présentation en séance de minuit à Cannes lors du dernier festival et sa cohue nocturne de festivaliers encostumés, le film est en salles depuis le mercredi 15 juillet
« Love » fait naître un sentiment partagé où le spectateur (lors de la séance que des mecs !) découvre un film sur un couple aux accents intimistes, une pointe d’expérimentation, à la fois personnel et « fabriqué » et à l’intérêt contrasté et pas forcément fédérateur et universel comme peut l’être …l’Amour !?