Avis Cinefeel sur "Selma" d'Ava DuVernay avec David Oyelowo, Carmen Ejogo, Tom Wilkinson....
Avis Cinefeel sur « Selma » d’Ava du Vernay avec David Oyelowo, Tom Wilkinson, Carmen Ejogo, Tim Roth, Giovanni Ribisi, Cuba Gooding Jr, Opra Winfrey… Sortie Cinéma le 11 Mars 2015 Vu en AVP le Dim 15 février 2015
Bande-annonce : Selma - VOST
Selma n’est pas une héroïne au sens propre du terme mais la ville du Sud « classique » du non respect du droit pour les noirs de s’inscrire sur les listes électorales. Comme bien d’autres elle est le théâtre des « brimades quotidiennes », des violences policières, des abus de l’administration à l’encontre de la communauté noire dans les années 60 et du dur combat pour le respect des droits civiques. Une marche protestataire partant de cette ville va en faire un symbole .
Martin Luther King , pasteur américain noir va prendre une dimension internationale et accentuer sa renommée avec l’obtention du prix Nobel de la paix à Oslo en 1964. C’est un peu avant la cérémonie que s’ouvre le film sur les coulisses de sa préparation avec sa femme et les doutes sur l’efficacité pérenne de son action. Cette scène du début montre aussi l’importance de sa femme et la difficulté de maintenir une osmose dans un couple quand on est si exposé et « accélérateur de conscience collective » comme le sera Martin Luther King, un homme empreint de certitudes mais aussi de doutes.
Le poids des responsabilités s’avère parfois pesant et Luther King « rêve » aussi d’être à la tête simplement et de manière ironique d’une petite église pour retrouver une vie plus sereine .
Sa foi, son charisme et son appréhension pacifiste, non dénuée de tactiques, du monde politique vont lui permettre de faire bouger les lignes. son parcours et son action seront jalonnés de dépit (« Mourir là ou ailleurs » dit il à sa femme quand il se rend à Selma ) et de « joies difficilement » arrachées à l’administration Johnson.
King va donc décider avec le soutien des SNCC (Student NonViolent Coordinating Committee ) de faire une marche pacifiste de Selma à Montgomery près de Washington pour monter au monde entier l’aberration d’un système qui dénie le respect du droit de vote aux noirs ! (Impôt à payer/ parrainage/ refus de l’administration de valider les inscriptions, impossibilité d’être membre d’un jury …) Le film est instructif sans être didactique ou scolaire.
Mais cette marche ne se fera pas en un jour et le mouvement pacifiste va se heurter aux violences policières du shérif local , couvert par le gouverneur d’Alabama .
King part en croisade et dit « Nous négocions, nous manifestons, nous résistons » ! Son but : éveiller les consciences des blancs au-delà des religions et plus spécifiquement ceux de la maison ovale .
Le prix à payer sera forcément cher en vies mais la citadelle de la ségrégation capitulera. l’émergence des médias et de la télévision qui filmera les violences perpétuées n’y sera pas pour rien.
Ava du Vernay signe un film intimiste , juste , documenté (l’insertion d’images d’archives à la fin avec Harry Belafonte, Sammy Davis Jr), à la facture classique (quelques rares longueurs) , entrecoupées de scènes choc spectaculaires ponctuelles (attentat des petites filles noires, la répression policière sur le pont Edmund pelthus « entamant » le 1er essai de marche le « Bloody Sunday » cf photo d'époque ).
Elle évite l’écueil d’un traitement « à la serpe » coutumier chez un cinéaste comme Lee Daniels (le Majordome) et mène son entreprise avec finesse et retenue sans tomber dans le too much.
Elle réussit à décrire le long parcours semé d’embuches et de réticences pour aboutir à la résolution de ce « problème américain » avec l’adoption effective du Voting Rights act de 1965 !
David Oyelowo compose un Martin Luther King touchant et obstiné tout en charisme et en « douceur apparente » , une belle performance d’acteur tout en nuance . Carmen Ejogo, belle actrice, joue sa femme avec élégance et retenue.
Certains cinéastes de renom n’avaient pas forcément réussi le traitement du problème noir aux Etats Unis à travers l’esclavage comme Spielberg avec le décevant « Amistadt » ou le « tire larmes » « La Couleur Pourpre » .Rayon réussite sur la ségrégation dans les régions du sud on se rappelle aussi de « Dans la chaleur de la Nuit » (1967) de Norman Jewison avec Sydney Poitier . Alan Parker avaient déjà abordé avec réussite le problème de la ségrégation dans l’Amérique du Sud des années 60 avec « Mississipi burning » (1988).
Ava du Vernay
réussit un film sur une époque (l’administration Johnson, Edgar J Hoover) période cruciale pour la reconnaissance des droits des afro-américains à travers le prisme et l’action symbole d’un homme marquant de l’histoire du XX ème siècle , Martin Luther King.
NB : C’est « 12 years a slave » de Steve Mc Queen sur l’esclavage noir qui a reçu l’oscar du meilleur film l’an dernier, mais le film partait favori ce qui n’est pas le cas de « Selma » n’ayant récolté que 2 nominations ! A noter pour le clin d'oeil que Brad Pitt a co-produit les 2 films via sa société de prodcution Plan B Entertainment !