"Whiplash" de Damien Chazelle avec Miles Teller , JK Simmons...

Avis Cinefeel sur « Whiplash » de Damien Chazelle avec Miles Teller , Jk Simmons,

Présenté à la Quinzaine des réalisateurs le 20 mai 2014 salle du Marriott / Grand Prix du Festival de Sundance / Sortie Cinéma 24 décembre 2014

WHIPLASH - Official Trailer (2014) [HD] Miles Teller, J.K. Simmons

Bande-annonce : Whiplash VOST

Damien Chazelle vient d’inventer le « double swing movie » en rendant hommage aux musiciens de jazz et à leur dur apprentissage pour essayer de toucher la perfection ! Le double swing est une figure technique musicale permettant d’accélérer le rythme !

Le jeune réalisateur de 29 ans situe son action au sein d’un conservatoire réputé et nous livre l’affrontement entre un professeur retors et perfectionniste et un jeune prodige de la batterie des drums en américain !

Andrew Neyman veut devenir l’un des meilleurs musiciens de jazz de tous les temps et s’astreint une discipline et un investissement personnel digne d’un sportif de haut niveau. (« l’American Drum » en quelque sorte)

 Face à lui et sur sa route va se dresser un mentor agressif Terence Fletcher , prof habillé de noir au ton militaire, à la répartie blessante et injurieuse, sorte de gourou intransigeant, caustique, manipulateur,sadique, cruel et pervers. « On achève bien les batteurs » ! L'humiliation serait elle le passage obligé vers la reconnaissance et l'adoubement hypothétique?

Fletcher aime souffler le chaud et le froid et joue avec les nerfs de ces élèves et plus spécifiquement avec ceux de Neyman ! Lorsqu’il le remarque, ce sera d’abord « Tout est dans la détente, oublie la métrique, éclate toi » puis « Ce n’est pas mon tempo…T’es pressé ou t’as trainé ? » RUSHING or DRAGGING ?! (extrait )

Sur une affiche du conservatoire on peut lire « Sans talent on finit dans un groupe de rock »

La musique de jazz comme discipline artistique peut se rapprocher de l’exigence de la danse  et l’obsession de réussir peut flirter avec la folie, c’est ce en quoi « Whiplash » peut se rapprocher d’un « Black Swan » du jazz (Andrew va aller au bout de ses limites , les mains en sang).

Mais la différence c’est que si l’affrontement des deux protagonistes est dans un "tempo" militaire à la Full metal Jacket, le traitement a toujours une tonalité agréable et jouissive pour le spectateur. Damien Chazelle a su doser les répliques assassines qui font mouche avec des mouvements de caméra punchy magnifiant la musique et les morceaux de bravoure à la batterie.

Pour les quasi néophytes en jazz , le titre phare de « Whiplash » fait penser à du Lalo Shiffrin compositeur argentin aux inspirations jazzy .

 Le rythme est la clé et Damien Chazelle donne un sacré « Coup de fouet / Whiplash » à son film , dialogues percutants, réalisation enlevée, fluide et percutante (la scène de l’accident). Il apporte réellement un sang neuf , frais et maitrisé. Ca donne envie de voir le court métrage qui a précédé ce premier long et qui a posé les bases d’un futur grand, admirateur de Scorsese.

Le film a aussi un atout majeur l’osmose hostile et guerrière des deux personnages principaux joués par 2 acteurs habités.

Miles Teller, découvert dans « The Spectacular Now » est « the right guy at the right place » en jeune batteur rebelle ,prêt à tous les sacrifices, dévoré par son ambition et sa passion avec des relans de « Rocky » chez les batteurs.

JK Simmons , connu pour son rôle de patron bourru de Peter Parker dans la trilogie Spiderman/Raimi fait une compo mémorable en dictateur du « bon tempo » limite psychopathe !

A le fin de la projection , lors des questions réponses, une spectatrice a interpelé JK Simons, à sa grande joie, et lui a dit « J’ai adoré vous haïr » et on a aussi appris que Damien Chazelle avait lui-même élève batteur dans une école de jazz ! Donc allez y et vous trouverez , la quête du Graal musical, le swing cinématographique!

 

Edouard Weintrop (à droite) grand artisan du succès de la Quinzaine des réalisateurs  avec Damien Chazelle (en haut) et JK Simmons en bas tous les deux présents à la fin de la projection ! 

PS : L’un des producteurs du film est Jason Reitman, réalisateur cette année de « Last Days of Summer » qui décidément a le nez creux !

En clin d’œil cinéphile c’est Paul Reiser (Burke dans « Aliens ») qui joue le rôle du père attentif dans le film !