Regard porté sur "The Bling Ring" de Sofia Coppola avec Katie Chang, Israel Broussard, Emma Watson ....
Regard porté sur "The Bling Ring" de Sofia Coppola avec Katie Chang, Israel Broussard, Emma Watson, Leslie Mann, Taissa Farmiga....
Présenté à Cannes en ouverture de la sélection Un Certain Regard le 16 mai 2013 Sortie Cinéma le 12 Juin 2013
N’est pas John Ford (grand cinéaste connu pour ses westerns mais aussi pour d’autres oeuvres plus sociales) en jupon qui veut mais le veut-elle vraiment d’ailleurs ? C’est de Sofia Coppola dont il s’agit. La réalisatrice n’est pas une croqueuse du malaise social. Malgré le fameux « inspiré d’une histoire vraie » elle n’est pas, non plus dans un aspect plus global, une vraie conteuse sociétale !
Son film est plutôt une chronique décrivant la jeunesse obnubilée par les it girls, la mode, le superficiel, les tabloïds, les célébrités fashion-victims qui va déraper du côté obscur de son attirance. Un groupe d’ados va commettre une série de cambriolages (vol de bijoux, sacs, chaussures, argent etc) à Los Angeles dans certaines maisons de stars !
Avec les films de Sofia Coppola On a l’impression de voir toujours un 1er film ! Cela est du à une volonté d’épurer, un style minimaliste qui s’adapte au sujet. Une certaine fraîcheur dans le traitement mais des imperfections sur le fonds et le rythme du récit, ce qui peut faire aussi paradoxalement son charme.
Ici elle effleure la psychologie des personnages avec un jeune gars complexé, Marc (Israel Broussard) qui se laisse emporter par la star du lycée. (« Je l’aimais comme une sœur »). Car c’est bien elle, Becca (Katie Chang), la meneuse, une fahion-victim leader, sciemment transgressive et consciemment sans scrupules, ni limites (« On se fait des bagnoles ») ni inhibitions au niveau de la cambriole (« c’est parti pour le shopping ») ! Nicky , l’une des comparses est l’archétype de la jeune ado obsédée par la Célébrité et son attrait, à la fois calculatrice et immature (la scène de l’arrestation où elle dit « Je veux ma maman » !). D’un certain coté leur personnalité n’est pas très complexe, donc un traitement en surface apparait cohérent !
Ce qui peut apparaitre effarant dans le déroulement de ces cambriolages c’est qu’il n’y ait pas de système d’alarme relié au commissariat de Los Angeles dans toutes ces somptueuses villas ! Alors certes les caméras de surveillance sont bien présentes mais on entre dans les maisons des Stars comme dans du beurre !
Chez Sofia Coppola un côté arty-branchouille minimaliste domine et peut irriter (« Somewhere ») ou conquérir (« Virgin Suicides »/ « Lost in translation ») son audience ! Dans « The Bling Ring » on est sur une chronique d’une bande (ring) attirée par le Bling Bling ! Il n’y a pas de vraie construction scénaristique à proprement parler, c’est très linéaire, limite docu fiction par moments. Au niveau réalisation, de vrais images d’archives de stars lors de procès (Lyndsay Lohan) sont montrées (coté réalités qui s’entremêlent), les scènes de boite de nuit sont assez réussies et l’aspect global du film apparaît moderne. Un plan résume bien le film, limite cliché mais assez drôle et bien senti c’est celui du petit déj de la jeune bourgeoise où Chloé (Claire Julien) une des membres de la bande, toute proprette avec la bonne et ses parents en arrière-plan réalise progressivement que les sirènes des flics qu’on entend au loin et qui se rapprochent viennent pour elle ! Leur vie d’ados insouciante va à jamais s’envoler ! L’inconscience et la bêtise du « gang détrousseur » au lycée, se vantant de leurs méfaits, causeront leur perte ! La musique se fait plus inquiétante, lors des derniers vols, quand ils se succèdent et s’accélèrent et qu'on est proche de la fin !
Certains diront que Sofia Coppola survole son sujet ! Mais c’est surtout que cette génération « Gossip Girl », cette bande d’ados qui font la fête, claquent l’argent volé en agitant leurs liasses de billets, sniffant à tout va des lignes de coke, drogue festive par excellence, ne sont en soi pas très intéressants.
Ces ados cherchent le frisson, ils veulent s’accaparer des choses matérielles, s’offrir une reconnaissance sociale et ne vont récolter pour la plupart que des peines lourdes (emprisonnement) et une gloire éphémère cristallisée par le personnage joué par Emma Watson Nicky avec la scène de l’interview et l’image de fin lors de sa prestation télévisée. Ce sont des enfants qui bravent les lois et leurs comportements vont les griser et telles des chrysalides trop pressées de devenir papillons vont se bruler les ailes de leur adolescence. Leur absence de morale (même si le film n’est pas moralisateur, il décrit les faits), leur soif de possession et leur désir de reconnaissance vont être les matières « combustibles » de leur bucher aux vanités ! La chandelle sera bien brulée par les deux bouts !
Voilà donc si vous n’attendez rien de spécial ou de novateur, vous découvrirez un film assez linéaire, simple, instantané d’une société, suivant le périple de ses jeunes d’aujourd’hui paumé(e)s. Les valeurs glorifiées seront celles liées à la superficialité, l’argent facile, la reconnaissance sociale forcenée. Elles vont les mener tout droit vers la sortie de route non contrôlée !
Pour ceux ou celles qui chercheraient une peinture sociale plus fouillée de la jeunesse désœuvrée Facebook / fashion addicts, sur la personnalité et l’aspect tendancieux et border line de leurs actes, ils auront forcément une déception en découvrant un polaroid branchouille se transformant en photo finale sans ennui avec un rythme sciemment lent mais sans maestria ni études de caractères très poussée !
Sur un sujet aussi superficiel issu d’un article de Vanity Fair « Les cambrioleurs portaient des Louboutins » on ne pouvait s’attendre à un film + fort ! C’est un instantané d’une jeunesse insouciante voir inconsciente qui valorise beaucoup trop le paraitre et l’orgueil et cultive une subjugation pour les paillettes et l’opulence matérielle ! Sofia Coppola livre donc un film raccord avec ses précédents même s’il apparait « plus neutre », moins singulier, agréable, très abordable et plus rythmé !
Le film plaira aux ados, c’est une chronique sociale à travers un fait divers retentissant entrouvrant le voile d’une société axée sur l’image, le mode de vie internet et l’aspiration forcenée à devenir riche et célèbre sans avoir un quelconque talent. Les acteurs du film, pour le coup, sont bons !